de toutes ses forces. Il renvoya le porteur, et, un petit moment après, il sortit de nouveau avec son domestique ; il revint à la nuit, amenant un autre porteur avec d’autres boîtes et paquets, et le tout fut monté et enfermé dans une chambre à côté de notre chambre à coucher. Le lendemain matin, il demanda une table ronde assez grande, et se mit à déballer.
Lorsque les boîtes furent ouvertes, je vis qu’elles étaient pleines surtout de livres, de papiers et de parchemins ; je veux dire des livres de compte, des écrits et choses semblables, qui n’avaient en eux-mêmes aucune importance pour moi, parce que je n’y comprenais rien. Cependant je le vis les sortir tous, les éparpiller autour de lui sur la table et les chaises, et être très affairé au milieu de tout cela. C’est pourquoi je me retirai et le laissai seul. Il était, en effet, tellement occupé, qu’il ne s’aperçut de ma disparition qu’un bon moment après. Mais lorsqu’il eut passé en revue tous ses papiers et qu’il en fut venu à ouvrir une certaine petite boîte, il me rappela.
« Maintenant, dit-il en m’appelant sa comtesse, je suis prêt à répondre à votre première question. Si vous voulez vous asseoir jusqu’à ce que j’aie ouvert cette boîte, nous verrons où en sont les choses. »
Il ouvrit donc la boîte ; et vraiment elle contenait ce à quoi je ne m’attendais pas, car je croyais qu’il avait écorné plutôt qu’augmenté sa fortune ; mais il me montra en billets d’orfèvres et en valeurs sur la Compagnie anglaise des Indes Orientales, environ seize mille livres sterling ; puis il me mit en main neuf assignations sur la Banque de Lyon, en France, et deux sur les rentes de l’Hôtel de Ville à Paris, montant ensemble à cinq mille huit cents couronnes[1] par an, ou de revenu annuel, comme on dit là-bas ; et enfin la somme de trente mille rixthalers sur la Banque d’Amsterdam, sans compter des bijoux et de l’or dans la boîte, pour une valeur de quinze ou seize mille livres sterling, parmi lesquels se trouvait un très beau collier de perles valant environ deux cents livres. Il le tira et l’attacha à mon cou, disant qu’il ne figurerait pas à l’inventaire.
- ↑ La couronne vaut 5 shillings : soit 6 fr. 25 environ. (N. D. T.)