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avais donnée dès le commencement, je lui avais donné un service de table en toile damassée, pris sur le linge que j’avais acheté pour mes bals, c’est-à-dire trois nappes et trois douzaines de serviettes ; et une autre fois je lui avais donné un petit collier de perles d’or, et autres choses semblables ; mais, ceci entre parenthèses ; — elle le rappela cependant, comme je le dis, et aussi combien elle m’avait eu d’obligations en mainte autre circonstance, qu’elle n’était pas en condition de montrer sa gratitude d’aucune autre manière, ne pouvant rendre autant qu’elle avait reçu ; que maintenant nous lui enlevions toute chance de s’acquitter par l’amitié que je lui avais déjà témoigné, et que nous la laissions plus endettée qu’elle ne l’était auparavant. Elle débita cela d’un très bon air, à sa manière, laquelle était vraiment très agréable, et avait autant de sincérité apparente, et même, je le crois, de réelle, qu’il était possible d’en exprimer ; cependant je l’arrêtai, la priant de n’en pas dire davantage, mais d’accepter ce que mon époux lui avait donné, et qui n’était qu’une partie, comme elle l’avait entendu le dire.

« Et laissez cela de côté, lui dis-je ; mais venez vous asseoir ici, et donnez-moi la permission de vous dire quelque chose encore, sur le même chapitre ; une chose que mon époux et moi nous avons réglée entre nous en votre faveur. »

» — Que veux-tu dire ? » s’écria-t-elle, en rougissant et en ayant l’air surpris, mais sans bouger.

Elle allait parler de nouveau, mais je l’interrompis et lui dis qu’elle ne devait plus s’excuser d’aucune façon, car j’avais à lui causer de choses meilleures que tout cela. Je continuai en lui disant que, puisqu’elle avait été si amicale et si bonne pour nous en toute occasion, que sa maison était le lieu fortuné où nous nous étions unis, et que j’avais été, comme elle ne l’ignorait pas, mise un peu au courant par elle-même de sa position, nous avions résolu que son sort s’améliorerait par nous pour tout le temps de sa vie. Je lui dis alors ce que nous avions décidé de faire pour elle, et qu’elle n’avait rien de plus à faire qu’à réfléchir avec moi sur la manière dont cela lui serait le plus efficacement garanti, à part de tout ce qui appartenait à son mari ; si son mari lui fournissait de quoi vivre confortablement et n’avoir pas