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qu’ils croient qu’on leur tient cachées. Mais j’avais une réponse prête :

« Parce que ce n’est pas un costume convenable, dans ce pays-ci, et qu’il n’aurait pas l’air décent. Et il ne le serait réellement pas, car il ne s’en fallait de rien qu’on n’eût l’air d’être en chemise ; mais c’est le vêtement ordinaire du pays où il est porté. »

Ma réponse le satisfit, et il me fit la promesse de ne jamais me demander de me faire voir avec devant de la compagnie. Je me retirai alors, n’emmenant avec moi qu’Amy et la Quakeresse, et Amy m’habilla dans mon ancien costume turc, celui avec lequel j’avais dansé autrefois etc., comme je l’ai raconté. Il charma la Quakeresse qui dit gaiement que si l’on venait à porter ce costume en Angleterre, elle ne saurait que faire et serait tentée de ne plus s’habiller davantage à la mode des Quakers.

Lorsque j’eus revêtu les habits, je les chargeai de joyaux. Je mis, en particulier, la grosse broche de mille pistoles qu’il m’avait donnée, sur la tyhaia, en coiffure, où elle faisait vraiment le plus glorieux effet. Je portais mon collier de diamants, et mes cheveux étaient tout brilliants[1], tout étincelants de joyaux.

J’avais attaché à ma veste son portrait enrichi de diamants, juste, comme vous pouvez bien le supposer, à la place du cœur ce qui est un compliment qui se fait dans de telles occasions chez les peuples orientaux), et comme tout était ouvert sur la poitrine, il n’y avait point de place là pour aucun bijou. Dans cet appareil, Amy tenant la queue de ma robe, je descendis vers lui. Il fut surpris, absolument étonné. Il me reconnut, assurément, parce que je l’avais averti et parce qu’il n’y avait là personne que la Quakeresse et Amy. Mais il ne reconnut aucunement Amy, qui s’était habillée en esclave turque, avec le costume de la petite Turque que j’avais eue à Naples, comme je l’ai dit. Elle avait le cou et les bras nus ; elle était tête nue, et ses cheveux étaient tressés en une longue natte qui pendait derrière son dos. Mais la friponne ne put garder son sérieux ni retenir son bavardage de manière à se cacher longtemps.

  1. Tout brilliants, ces mots se trouvent ainsi dans le texte de Defoe.