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et moi savions mieux qu’elle ce qu’il en était, car, après tout, j’étais assez vieille pour être hors d’état d’être mère, quelque fût mon apparence. Mais je lui fis retenir sa langue.

Au matin, ma propriétaire Quakeresse vint nous faire visite avant que nous fussions levés, et nous fit manger des gâteaux, et prendre du chocolat au lit. Puis elle nous laissa en nous engageant à faire un somme par là-dessus, ce que nous fîmes, je crois bien. Bref, elle nous traita si honnêtement et avec une si agréable gaieté, en même temps qu’avec tant de libéralité, que cela me montra que les Quakers peuvent, et que cette Quakeresse savait comprendre les bonnes manières aussi bien que les autres gens.

Je résistai cependant à son offre de nous traiter pendant toute la semaine ; et je m’y opposai jusqu’à ce que j’eusse vu évidemment qu’elle le prenait mal et qu’elle se serait crue victime d’un manque d’égards si nous n’avions pas accepté. Je ne dis donc plus rien, et la laissai faire ; seulement je lui déclarai que j’entendais ne pas rester en arrière, et, en effet, je n’y restai pas. Quoi qu’il en soit, pendant cette semaine, elle nous traita comme elle avait dit qu’elle voulait le faire, et elle s’en acquitta si bien, avec une telle profusion de toute sorte de bonnes choses, que le plus grand embarras qu’elle eût fut de trouver à se défaire de ce qui restait ; car elle ne permettait jamais qu’une chose quelconque, si délicate ou si grosse qu’elle fût, parût deux fois devant nous.

J’avais, il est vrai, quelques domestiques qui l’aidaient un peu : je veux dire deux bonnes, car Amy était maintenant une femme de confiance, non une domestique et mangeait toujours avec nous ; j’avais aussi un cocher et un petit garçon. Ma Quakeresse avait aussi un domestique, mais elle n’avait qu’une bonne. Elle en emprunta deux de quelqu’une de ses amies pour l’occasion, et se procura un cuisinier pour préparer les mets.

Elle n’était embarrassée que pour la vaisselle, et elle m’en toucha un mot. J’envoyai Amy chercher une grande boîte que j’avais déposée en mains sûres et dans laquelle se trouvait toute la belle vaisselle dont je m’étais pourvue pour une occasion moins honnête, comme je l’ai raconté plus haut ; je la remis à la