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sonner haut que le gentilhomme du prince avait des ordres pour venir vers moi, et une autorisation en règle pour m’épouser par procuration (comme font d’ordinaire les princes en des cas semblables), et pour me monter une maison et je ne sais combien de belles choses. Mais elle me disait en même temps qu’elle ne lui avait pas encore laissé savoir qu’elle m’appartenait toujours, ni qu’elle savait où me trouver, ou m’écrire, parce qu’elle voulait aller jusqu’au fond de l’affaire, et voir si c’était une réalité ou une gasconnade. Elle lui avait répondu que s’il avait une commission de cette nature, elle s’efforcerait de me trouver, mais rien de plus.

III. Pour ce qui était du Juif, elle m’assura qu’elle n’avait pas pu arriver à une certitude sur ce qu’il était devenu, ou dans quelle partie du monde il était ; mais elle avait du moins appris de bonne source qu’il avait commis un crime, s’étant compromis dans un complot pour voler un riche banquier de Paris, et qu’il avait pris la fuite ; on n’avait plus entendu parler de lui depuis plus de six ans.

IV. Pour ce qui était de mon mari, le brasseur, elle sut qu’ayant été engagé sur le champ de bataille, en Flandre, il avait été blessé à la bataille de Mons, et était mort de ses blessures à l’hôpital des Invalides ; de sorte que fin était mise aux quatre enquêtes que je l’avais envoyée faire en France.

Ce rapport sur le prince, le retour de son affection envers moi, avec toutes les choses grandes et flatteuses qui semblaient l’accompagner, surtout se présentant dorées et arrangées par Amy, ce rapport, dis-je, m’arriva à une heure malheureuse et au milieu de la crise même de mes affaires.

Le marchand et moi, nous étions entrés en conférences sérieuses sur la grande question. J’avais cessé de parler platonisme, indépendance, de dire que j’étais une femme libre, comme je faisais auparavant ; et lui, de son côté, ayant éclairci mes doutes quant à sa position de fortune et aux malheurs dont il avait parlé, je m’étais devancé tellement que nous commencions à chercher où nous demeurerions, sur quel pied, avec quel équipage, quelle maison et autres choses semblables.

J’avais fait quelques discours sur les délices de la retraite à la