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arraché les meubles de la maison comme une furie. Toutefois, je me rappelai que ma misère avait attendri son cœur, et lui avait inspiré ensuite assez de compassion pour me permettre d’habiter sa maison sans payer de loyer pendant une année entière.

Mais voilà qu’il prenait la figure, non pas seulement d’un homme charitable, mais d’un homme mû par l’amitié et la tendresse ; et la chose était assez inattendue pour surprendre. Nous bavardâmes ensemble, et fûmes ce que je pourrais appeler gais ; et je puis bien dire que je ne l’avais pas été depuis trois ans. Il envoya chercher du vin, et aussi de la bière, car nous n’en avions pas. La pauvre Amy et moi, nous ne buvions que de l’eau depuis bien des semaines, et vraiment, j’ai souvent admiré la nature fidèle de la pauvre fille, dont elle fut finalement assez mal payée par moi.

Lorsque Amy fut revenue avec le vin, il lui en fit remplir un verre, et, ce verre à la main, il vint à moi et m’embrassa, ce qui, je le confesse, me surprit un peu. Mais ce qui suivit me surprit bien davantage ; car il me dit que, si la triste condition à laquelle j’étais réduite l’avait fait me prendre en pitié, ma conduite et le courage avec lequel je la supportais lui avaient donné pour moi un respect plus qu’ordinaire, et le rendaient très soucieux de mes intérêts ; qu’il était décidé pour le moment à faire quelque chose pour me soulager, et à réfléchir en même temps pour voir s’il pourrait, à l’avenir, me mettre en chemin de me suffire à moi-même.

Me voyant changer de couleur et paraître surprise de son discours, — car je l’étais, à coup sûr, — il se tourne vers ma servante, Amy, et, tout en la regardant, me dit :

« Je dis tout ceci devant votre bonne, madame, parce que vous devez toutes les deux, elle et vous, savoir que je n’ai pas de mauvais desseins, et que c’est par pure affection que j’ai résolu de faire, si je peux, quelque chose pour vous. Comme j’ai été témoin de l’honnêteté et de la fidélité peu communes de Mrs Amy, vis-à-vis de vous, dans votre misère, je sais qu’on peut lui confier un projet honnête comme le mien ; car, je vous le déclare, j’ai aussi un certain degré de respect pour votre servante, à cause de l’attachement qu’elle vous porte.