Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

raconté où elle allait, et pourquoi, il la pria de ne pas partir tout de suite, parce qu’il lui donnerait le lendemain des renseignements particuliers venant d’un marchand qui connaissait notre Hollandais. En conséquence, il lui apprit le lendemain qu’il était parti, six ans auparavant, pour la Hollande, et qu’il y demeurait encore.

Ceci fut, je le répète, la première et la seule nouvelle que je reçus d’Amy, pendant quelque temps, du moins au sujet de mon marchand. En même temps, comme je l’ai dit, elle s’enquérait des autres personnes indiquées dans ses instructions. Pour le prince, le gentilhomme lui dit qu’il était allé en Allemagne, où se trouvaient ses terres, et qu’il y demeurait ; qu’il s’était beaucoup enquis de moi ; que lui, le gentilhomme, avait fait toutes les recherches qu’il avait été capable de faire, sans pouvoir entendre parler de moi ; qu’il croyait que si son maître avait su que j’étais en Angleterre, il y serait venu, et qu’il croyait même véritablement que s’il m’avait trouvée, il m’aurait épousée ; qu’il était enfin très affligé de ne pouvoir rien apprendre sur moi.

Je ne fus nullement satisfaite du rapport d’Amy. Je lui ordonnai d’aller elle-même à Rouen, ce qu’elle fit. Là, non sans grande difficulté, (la personne à laquelle elle était adressée étant morte) non sans grande difficulté, dis-je, elle finit par apprendre que mon marchand y avait demeuré deux ans ou un peu plus, mais qu’ayant éprouvé un très grand malheur, il était retourné en Hollande, comme l’avait dit le marchand français, et y avait séjourné deux ans ; mais on ajouta qu’il était revenu à Rouen et y avait vécu en grande estime une autre année, puis qu’il était allé en Angleterre et qu’il demeurait à Londres. Mais Amy ne put par aucun moyen savoir comment lui écrire là. À la fin, cependant, par grand hasard, un vieux patron hollandais qui avait été à son service autrefois, vint à Rouen, et Amy en fut informée. Il lui dit qu’il habitait dans St-Laurence Pountney’s-lane, à Londres, mais qu’on pouvait le voir tous les jours à la Bourse dans l’allée française.

Amy pensa qu’il serait temps de me dire cela quand elle serait de retour. D’ailleurs, elle ne trouva ce patron hollandais qu’au bout de quatre ou cinq mois et après être retournée à Paris et