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monde, peinant, comme on dit, pour gagner son pain, fille de cuisine, véritable esclave devant les fourneaux. D’un autre côté, il me vint en l’esprit qu’elle pourrait peut-être se marier avec quelque pauvre diable de valet ou de cocher, ou quelque hère de ce genre, et se perdre de cette manière ; ou, pis encore, être entraînée à coucher avec quelque grossier individu de cette engeance maudite, se trouver enceinte, et être ainsi ruinée à tout jamais. Au milieu de toute ma prospérité, ceci me causait un grand ennui.

Envoyer Amy la trouver, il n’y fallait pas songer maintenant ; car, ayant été servante dans la maison, elle connaissait Amy aussi bien qu’Amy me connaissait ; et sans doute, bien qu’elle n’eût guère occasion de me voir, elle pouvait avoir eu la curiosité de me guetter au passage et de me voir assez pour me reconnaître, si je m’étais ouverte à elle. Bref, il n’y avait rien à faire de ce côté.

Cependant Amy, créature active et infatigable, trouva une femme à laquelle elle donna ses instructions et qu’elle envoya à la maison du brave homme de Spitalfields, où elle supposait que la fille était allée en se trouvant sans place. Elle lui commanda de causer avec elle, de lui dire avec réserve que, comme on avait fait quelque chose pour son frère, on ferait quelque chose aussi pour elle, et qu’il ne fallait pas se décourager. Elle lui porta vingt livres sterling pour s’acheter des vêtements, et l’engagea à ne plus entrer en service, mais à penser à autre chose ; qu’elle prît logement dans quelque honnête famille, et elle en apprendrait bientôt davantage.

La jeune fille fut ravie de la nouvelle, vous pouvez le croire, et même un peu trop gonflée, tout d’abord. Elle s’habilla très bien, ma foi, et, aussitôt ce soin pris, vint faire une visite à Mme  Amy, pour lui faire voir comme elle était belle. Amy la félicita, souhaita que tout fût comme elle le désirait, mais l’avertit de ne pas se laisser trop gonfler par la prospérité ; elle lui dit que la modestie est le plus bel ornement d’une femme comme il faut, et lui donna beaucoup d’autres bons avis, mais elle ne lui laissa rien découvrir.

Tout cela se fit dans les premières années de mon nouveau