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fait subrepticement entrer. Lorsqu’elle y arriva, elle trouva la maison habitée par d’autres personnes, de sorte qu’elle ne put tirer que peu ou rien de son enquête, et elle revint avec une réponse qui pour moi n’était pas une réponse du tout, car elle ne me satisfaisait aucunement. Je la renvoyai s’informer dans le voisinage de ce qu’était devenue la famille qui avait habité cette maison ; s’ils avaient déménagé ; où ils demeuraient ; dans quelle situation ils se trouvaient ; et en même temps, si elle le pouvait, ce qu’étaient devenus les pauvres enfants ; comment ils vivaient, et où ; comment on les avait traités, etc.

Elle me rapporta de cette seconde expédition que, quant à la famille, elle avait appris que le mari, qui, tout en n’étant que l’oncle par alliance des enfants, avait été pour eux le meilleur de tous, était mort, et que la veuve était restée dans une situation médiocre, c’est-à-dire que, sans être dans le besoin, elle n’était pas si à l’aise qu’on le croyait du vivant de son mari.

Quant aux pauvres enfants, deux d’entre eux, paraît-il, avaient été gardés par elle, c’est-à-dire par son mari, tant qu’il vécut ; car, que ce fût contre son gré, à elle, c’était ce que nous savions tous ; mais les honnêtes voisins plaignaient, dirent-ils, les pauvres enfants de tout leur cœur, car leur tante était barbare pour eux ; elle ne les traitait guère mieux que des domestiques, les employant à la maison à la servir, elle et ses enfants, et leur donnait à peine des vêtements bons à porter.

C’était, à ce qu’il semble, mon aîné et mon troisième, qui étaient des filles. Le second était un garçon, le quatrième une fille, et le plus jeune un garçon.

Pour finir le mélancolique récit de l’histoire de mes deux malheureuses filles, Amy me rapporta qu’aussitôt qu’elles avaient été capables de sortir et de se procurer de l’ouvrage, elles s’en étaient allées, et quelques-uns disaient que leur tante les avait mises dehors ; il paraît cependant qu’elle ne l’avait pas fait, mais elle les traitait si cruellement qu’elles la laissèrent. L’une d’elles entra au service d’une voisine, un peu plus loin, qui la connaissait, la femme d’un tisserand honnête et bien établi, chez qui elle fut femme de chambre ; et quelque temps après, elle retira sa