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sans même aucun désir d’y mettre fin. Il y avait si longtemps que je m’étais habituée à une vie de vice, que réellement cela ne me semblait plus être du vice. J’allais toujours sur la même pente unie et plaisante ; je me vautrais dans les richesses, qui affluaient à moi avec une telle rapidité qu’ayant pris les mesures économes indiquées par le bon chevalier, j’avais au bout de huit ans deux mille huit cents livres sterling de revenu annuel, dont je ne dépensais pas un sou, la pension que je recevais de mylord *** suffisant à mon entretien et y suffisant avec un surplus de plus de deux cents livres sterling chaque année ; car, bien qu’il ne se fût pas engagé par contrat pour cinq cents livres par an, comme je cherchais, sans rien lui en dire, à l’amener à le faire, il me donnait si souvent de l’argent, et cela en telle quantité à la fois qu’il était rare que je n’eusse de lui plus de sept à huit cents livres, bon an mal an.

Il faut ici que je retourne en arrière pour rapporter, après avoir dit ouvertement les mauvaises choses que j’ai faites, quelque chose qui avait cependant l’apparence d’une bonne action. Je me rappelai que, lorsque j’étais partie d’Angleterre, quinze ans auparavant, j’avais laissé cinq petits enfants, jetés pour ainsi dire au milieu du vaste monde, à la charité des parents de leur père. Le plus âgé n’avait pas six ans, car nous n’étions pas mariés depuis tout à fait sept ans lorsque leur père s’en était allé.

Après mon arrivée en Angleterre, j’eus un grand désir de savoir dans quelle situation ils étaient, s’ils étaient, ou non, tous vivants, et de quelle manière on avait pourvu à leurs besoins. Mais je résolus de ne pas me découvrir à eux le moins du monde, et de ne laisser savoir à aucun de ceux qui avaient eu charge de les élever qu’il existait encore dans le monde une créature comme leur mère.

Amy était la seule personne à qui je pusse confier une telle commission. Je l’envoyai à Spitalfields, chez la vieille tante et la pauvre femme qui avaient travaillé si efficacement à disposer les parents à prendre quelque soin des enfants. Mais elles n’y étaient plus ni l’une ni l’autre ; mortes et enterrées depuis plusieurs années. Les recherches qu’elle fit ensuite s’adressèrent à la maison où elle avait porté les pauvres enfants, et où elle les avait