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directement dans ma chambre à coucher. Nota Bene : — Je ne craignais pas d’être trouvée au lit avec personne autre, parce que, pour le dire en un mot, je n’avais de relations avec personne absolument.

Il arriva une nuit une chose assez plaisante. Sa Seigneurerie avait tardé, et, ne l’attendant pas cette nuit là, j’avais pris Amy dans mon lit, lorsque mylord entra dans la chambre où nous étions toutes deux profondément endormies. Je crois qu’il était près de trois heures quand il arriva, un peu gai, mais nullement gris, ni ce qu’on appelle pris de boisson. Il entra directement dans la chambre.

Amy perdit la tête de peur et se mit à crier. Moi, je dis avec calme :

« En vérité, mylord, je ne vous attendais pas ce soir, et nous avons eu un peu peur du feu dans la nuit.

» — Oh ! dit-il, je vois que vous avez un compagnon de lit. »

Je me mis à m’excuser.

« Non, non, dit mylord ; vous n’avez pas besoin d’excuse. Votre compagnon de lit n’est pas un homme, je vois. »

Mais aussitôt, avec assez de gaieté, il reprit ses dernières paroles, et dit :

« Mais écoutez donc ! maintenant que j’y pense, comment puis-je être certain que ce compagnon de lit n’est pas un homme ?

» — Oh ! répondis-je, j’ose dire que Votre Seigneurie est certaine que c’est la pauvre Amy.

» — Oui, dit-il, c’est Mrs Amy ; mais comment puis-je savoir ce que c’est qu’Amy ? Ce peut être aussi bien Mr Amy, pour ce que j’en sais. J’espère que vous me donnerez permission de m’en assurer. »

Je lui répondis que oui, qu’à coup sûr je voulais bien que Sa Seigneurie s’en assurât ; mais que je supposais qu’elle savait ce qu’il en était.

Eh bien, il assaillit la pauvre Amy, et, ma foi, je crus un instant qu’il pousserait jusqu’au bout la plaisanterie sous mon nez, comme il était déjà arrivé une fois en pareil cas. Mais