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connaissait bien, et qui, soit dit en passant, ayant maintenant de moi l’idée que je méritais réellement, commençaient à me parler du vieux jeu, amour et galanterie, et à me faire des offres suffisamment insolentes ; choses aussi écœurantes pour moi maintenant que si j’avais été mariée ou vertueuse comme toute autre. Les visites de ces gens finissaient vraiment par être gênantes pour moi, d’autant plus qu’ils étaient toujours ennuyeux et impertinents ; et mylord *** n’en aurait point du tout été satisfait, si elles avaient continué.

Il serait divertissant de mettre ici la manière dont je repoussai ces sortes de gens ; comment, avec certains, je me montrai outragée et leur dis que je regrettais qu’ils m’obligeassent à me défendre contre le scandale de telles suggestions en leur déclarant que je ne pouvais pas les voir davantage et en désirant qu’ils ne prissent plus la peine de me rendre visite ; car, sans avoir l’intention d’être incivile, je me croyais tenue à ne plus recevoir aucune visite de gentlemen, qui m’avait fait des propositions telles que les leurs ; mais il serait trop fatigant de rapporter tout cela ici. Ce fut pour cette raison que je proposai à Sa Seigneurie de prendre de nouveaux appartements, pour plus de discrétion. En outre, je considérais que, pouvant vivre très bien, mais moins en public, il s’en faudrait que j’eusse besoin de dépenser autant d’argent ; et si je faisais cinq cents livres sterling par an avec cette généreuse personne, c’était plus, et de beaucoup, que ce que j’aurais occasion de dépenser.

Mylord adopta tout de suite ma proposition, et alla plus loin que je ne m’y attendais, car il me trouva un logis dans une très belle maison, où cependant il n’était pas connu. Je suppose qu’il avait chargé quelqu’un de la lui chercher. Il y avait un chemin commode pour arriver au jardin par une porte qui ouvrait dans le parc, privilège rarement accordé en ce temps-là.

Avec cette clef il pouvait entrer à toute heure de nuit ou de jour qu’il lui plaisait ; et, comme nous avions aussi une petite porte dans le bas de la maison, qui était toujours laissée fermée au loquet et qu’il avait le passe-partout, qu’il fût minuit, une heure ou deux heures du matin, il pouvait entrer