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Je portais la même veste et la même ceinture qu’auparavant ; mais la robe était recouverte d’un manteau, ce qui est l’ordinaire dans le costume turc. Il était écarlate et vert, le vert broché d’or. Mon tyhiaai, c’est-à-dire ma coiffure, différait un peu de celui que j’avais auparavant : il était, en effet, plus haut, et avait quelques joyaux au sommet, ce qui, le faisait ressembler à un turban couronné.

Je n’avais pas de masque, et je ne me fardais pas ; j’emportai cependant la palme sur toutes les dames qui se montrèrent au bal, je veux dire sur celles qui se montrèrent la face découverte. Quant aux masquées, on n’en peut rien dire ; il y en avait sans doute beaucoup de plus belles que je ne l’étais. Il faut avouer que le costume m’était infiniment avantageux, et tout le monde me regardait avec une sorte de plaisir qui était aussi grandement à mon avantage.

Après avoir dansé avec ce noble personnage, je n’offris pas de danser seule, comme je l’avais fait l’autre fois ; mais ils crièrent tous de nouveau : Roxana ! et deux messieurs vinrent dans le salon me supplier de leur donner la danse turque, à quoi je consentis facilement. Je m’avançai donc et dansai exactement comme en la première occasion.

Pendant que je dansais, j’aperçus cinq personnes se tenant ensemble, et parmi elles, s’en trouvait une seule avec le chapeau sur la tête. Cela me donna immédiatement à entendre qui c’était, et me jeta presque tout d’abord dans une certaine confusion ; mais je continuai, reçus, de nouveau, les applaudissements de la compagnie et me retirai dans ma chambre particulière. Quand j’y fus, les cinq messieurs traversèrent la salle pour venir auprès de moi, et, s’avançant avec une foule de grands personnages à sa suite, la personne qui avait le chapeau sur la tête dit :

« Mme  Roxana, vous dansez admirablement. »

J’étais préparée, et je fis le geste de m’agenouiller pour lui baiser la main ; mais il m’en empêcha, me salua, et passant de nouveau à travers la grande salle, s’en alla.

Je ne dis pas ici qui c’était, mais je dis que je parvins plus tard à en savoir quelque chose d’une façon plus certaine. J’aurais voulu