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lorsque c’était moi qui donnais le bal ; mais que le roi se trouvât à cette réunion-ci, c’est une chose qui ne faisait pas de doute pour moi, grâce à des circonstances qui, je crois, ne pouvaient me tromper : il y avait en particulier cinq personnes qui n’étaient pas masquées ; trois d’entre elles avaient des jarretières bleues, et elles ne se présentèrent à moi que lorsque je m’avançai pour danser.

Cette réunion fut conduite comme la première, mais avec beaucoup plus de magnificence, à cause de la compagnie. Je me mis, dans un costume et avec des bijoux d’une excessive richesse, au milieu de ma petite chambre, comme l’autre fois, et j’adressai un compliment à chaque personne de la société à mesure qu’elle passait devant moi, comme je l’avais fait déjà ; mais mylord *** qui m’avait parlé sans déguisement la première nuit, vint à moi, et se démasquant, me dit que la société l’avait chargé de me dire qu’on espérait me voir dans le costume sous lequel je m’étais montrée la première fois, et qui avait été tellement goûté qu’il était la cause de cette nouvelle réunion.

« Et, madame, ajouta-t-il, il y a quelques personnes dans cette assemblée qui valent la peine qu’on les oblige. »

Je m’inclinai devant mylord ***, et immédiatement me retirai. Pendant que j’étais en haut, à revêtir mon autre costume, deux dames, complètement inconnues de moi, furent amenées dans mon appartement au-dessous, par ordre d’un noble personnage qui avait été en Perse avec sa famille ; et, cette fois, je crus vraiment qu’on m’avait dépassée, ou peut-être jouée.

Une de ces dames portait d’une façon véritablement exquise le costume des jeunes filles de Géorgie, l’autre celui des jeunes filles d’Arménie ; chacune d’elle avait une esclave pour la servir.

Ces dames avaient de courts jupons s’arrêtant aux chevilles, mais plissés tout autour ; devant, de petits tabliers, du plus beau point de dentelle qui se pût voir ; leurs robes étaient faites avec de longues manches bizarres qui pendaient derrière et une queue qui traînait. Elles n’avaient pas de bijoux, mais leur tête et leur poitrine étaient ornées de fleurs, et l’une et l’autre entrèrent voilées.