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au dessous de la haute noblesse. Je me montrai ainsi, laissant le monde deviner qui ou quoi j’étais, sans essayer de me mettre en avant.

Je me promenais parfois sur le Mail avec Amy ; mais je ne fréquentais personne et ne faisais pas de connaissances. Je me contentais de faire un étalage aussi brillant que j’en étais capable, et cela en toute occasion. Je m’aperçus, cependant, que le monde n’était pas aussi indifférent à mon endroit que je semblais l’être au sien, et j’appris tout d’abord que les voisins commençaient à être vivement inquiets de savoir qui j’étais, et dans quelle position je me trouvais.

Amy était la seule personne qui pût répondre à leur curiosité et donner des détails sur moi. En femme babillarde et en véritable commère qu’elle était, elle prit soin de le faire avec tout l’art qu’elle avait à sa disposition. Elle leur fit savoir que j’étais la veuve d’une personne de qualité en France, que j’étais venue ici pour veiller à un bien qui m’était échu comme héritage de quelqu’un de mes parents mort dans le pays, que je possédais quarante mille livres sterling en pleine et libre propriété, et autres choses de ce genre.

C’était un grand tort de la part d’Amy, et de la mienne aussi, quoique nous ne le vissions pas d’abord ; car cela me recommandait spécialement à cette espèce de gentlemen qu’on appelle des coureurs de dot, et qui toujours assiègent les dames, comme ils disent, — afin de les faire prisonnières, disais-je, moi, c’est-à-dire pour épouser la femme et dépenser son argent. Mais si j’avais eu tort de refuser les honorables propositions du marchand hollandais, qui m’offrait la libre disposition de tous mes biens et en avait autant pour fournir à mon entretien, j’avais raison aujourd’hui de refuser des offres venant en général de gentlemen de bonne famille et de fortune honnête, mais qui, allant jusqu’au bout de leurs revenus, étaient toujours besogneux et nécessiteux, et avaient besoin d’une somme pour se mettre à l’aise, suivant leur expression, c’est-à-dire pour payer d’un coup les charges, comme les dots de la famille et le reste. Dans ce cas la femme est prisonnière pour la vie, et ne vit qu’autant qu’il leur plaît de lui en donner congé. J’avais clairement pénétré