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que de m’en aller à Londres, dans ma propre maison, où j’arrivai en très bonne santé, et où je passai pour une dame française, sous le titre de ***.

Mon premier soin fut de présenter toutes mes lettres de change, qui, pour abréger l’histoire, furent toutes acceptées et payées régulièrement. Je résolus alors de prendre un logement quelque part à la campagne, près de la ville, pour y rester incognito jusqu’à mes couches. Grâce à la figure que je faisais et à mon équipage, j’y réussis facilement, sans que personne me fit l’injure ordinaire de vouloir demander des renseignements à ma paroisse. Je fus quelque temps sans paraître dans ma nouvelle maison, et plus tard je jugeai convenable, pour des raisons particulières, de la quitter et de n’y pas venir du tout, mais de prendre de beaux et grands appartements dans le Pall Mall, dans une maison qui avait une porte particulière donnant sur le jardin du roi, par permission du jardinier en chef qui y avait demeuré.

J’avais maintenant réalisé toutes mes valeurs ; mais, comme mon argent était, à ce moment là, ma grande préoccupation, j’éprouvai de la difficulté à en disposer de façon à ce qu’il me rapportât un intérêt annuel. Cependant, au bout de quelques temps, je trouvai, par l’assistance du fameux Sir Robert Clayton, une bonne et solide hypothèque pour quatorze mille livres sterling, sur une propriété de 1,800 livres de rentes ; et j’eus de là sept cents livres d’intérêt par an.

Ceci, avec quelques autres placements, me fit une très jolie fortune de plus de mille livres sterling par an ; assez, peut-on croire, pour dispenser toute femme en Angleterre d’être une catin.

J’accouchai à ***, à environ quatre milles de Londres, et mis au monde un beau garçon. Suivant ma promesse, j’en envoyai la nouvelle à mon ami de Paris, son père ; dans la lettre, je lui dis combien j’étais fâchée de son départ, et lui donnai clairement à entendre que s’il voulait encore une fois venir me voir, je le traiterais mieux que je n’avais fait. Il m’envoya une très affectueuse et obligeante réponse, mais il ne releva en aucune façon ce que je lui disais au sujet d’un voyage jusqu’ici ; je vis donc