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vouliez pas disposer de votre argent en ma faveur et que vous espériez vous pousser plus haut avec votre fortune. Maintenant, si c’est la première de ces hypothèses, cela me ferme la bouche et je n’ai plus rien à dire ; mais si c’est la dernière, je suis en mesure de détruire efficacement l’objection et de répondre à tout ce que vous pouvez dire sur ce sujet. »

Je le relevai vivement sur la première supposition, lui disant qu’il fallait vraiment qu’il eût de moi une bien basse opinion pour penser que je pouvais lui avoir cédé de la manière dont je l’avais fait et continuer mes relations avec lui avec la liberté qu’il voyait que j’y mettais, en ayant un mari ou en étant fiancée à un autre homme ; il pouvait être assuré que tel n’était pas mon cas, ni de près ni de loin.

« Eh bien ! alors, dit-il, pour l’autre, j’ai une offre à vous faire qui dissipera toute objection : je ne toucherai pas une seule pistole de vos biens si ce n’est en vertu de votre libre consentement, ni maintenant, ni jamais ; mais vous placerez votre argent comme il vous plaira pendant votre vie, et sur la tête de qui il vous plaira après votre mort. »

Il ajouta que je verrais qu’il était capable de subvenir à mes besoins sans cela, et que ce n’était pas pour cela qu’il m’avait suivie de Paris.

Je fus, à la vérité, surprise de cette partie de sa proposition, et il lui fut facile de s’en apercevoir. Non seulement c’était chose à quoi je ne m’attendais pas, mais c’était chose à quoi je ne savais quelle réponse faire. Il avait vraiment détruit ma principale objection, que dis-je ? toutes mes objections ; et il ne m’était pas possible de lui donner une réponse ; car si je tombais d’accord avec lui sur une offre si généreuse, c’était comme si je confessais que je ne l’avais refusé qu’à cause de mon argent, et que, si je pouvais bien abandonner ma vertu et m’exposer à la honte, je ne voulais pas abandonner mes fonds, — chose qui, toute vraie qu’elle fût, était réellement trop énorme pour que j’en convinsse ; et d’ailleurs je ne pouvais pas l’épouser en partant de ce principe. D’un autre côté, le prendre et retirer de ses mains tous mes biens de façon à ne pas lui donner l’administration de ce que j’avais, je trouvais que non seulement