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CHAPITRE IV



Sommaire. — Le marchand hollandais prend logement dans la même maison que moi. — Il me fait la cour. — Il sollicite ma main. — Je refuse de me marier. — Raisons de mon refus. — Différence de nos idées sur le mariage. — Je veux bien être sa maîtresse, mais non sa femme. — Il me refuse par scrupule de conscience. — Il m’abandonne et retourne à Paris. — Mes regrets de la perte de cet ami. — Je retourne en Angleterre et m’établis à Londres. — Je suis assiégée par les coureurs de dot. — Ma détermination de faire des économies. — Un riche marchand offre de m’épouser. — Je reçois et donne une grande fête. — Je danse devant mes convives. — Seconde fête chez moi. — Grandes nouveautés à cette fête. — Ma vertu est suspectée. — Un riche seigneur me fait des aventures. — Amusante anecdote à propos de sa seigneurie. — Je donne à Amy commission de retrouver mes enfants. — Elle en découvre un.




J’avoue que ce me fut une agréable surprise, et je fus extrêmement heureuse de voir celui qui s’était conduit envers moi d’une manière si honorable et si bienveillante, et qui, en réalité, m’avait sauvé la vie. Dès qu’il m’aperçut, il se précipita vers moi, me saisit dans ses bras et me baisa avec une liberté qu’il n’avait jamais tenté de prendre auparavant.

« Chère Mme  ***, dit-il, je suis heureux de vous voir en sûreté dans ce pays. Si vous étiez restée deux jours de plus à Paris, c’en était fait de vous. »

J’étais si contente de le revoir que, durant un bon moment, je ne pus parler ; je fondis en larmes sans prononcer un mot ; mais je me remis de ce trouble, et lui dis :

« L’obligation que je vous ai n’en est que plus grande, monsieur, à vous qui m’avez sauvé la vie. »