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joyaux, mais qui, à ce moment-là, n’en faisait pas le trafic ; et mon hôte le pria de voir à ce qu’on ne m’en imposât pas.

Toute cette besogne me prit près de la moitié d’une année. En faisant ainsi mes affaires moi-même et en ayant à opérer sur de grosses valeurs, je devins aussi experte que n’importe laquelle de leurs marchandes. J’avais à la banque un crédit pour une grosse somme d’argent, et des lettres de change et des billets pour un chiffre plus grand encore.

J’étais là depuis environ trois mois, lorsque ma servante Amy m’écrivit qu’elle avait reçu une lettre de celui qu’elle appelait son ami ; c’était soit dit en passant, le gentilhomme du prince qui avait vraiment été pour elle un ami extraordinaire, car elle m’avoua qu’il avait couché avec elle cent fois, c’est-à-dire aussi souvent qu’il lui avait plu ; pendant les huit années qu’avait duré cette liaison, peut-être la chose avait-elle eu lieu beaucoup plus souvent. C’était lui qu’elle appelait son ami, et avec lequel elle correspondait sur un sujet particulier : entre autres choses, il lui envoyait une nouvelle toute spéciale que voici : mon ami extraordinaire, à moi, mon réel mari, qui chevauchait parmi les gens d’armes, était mort ; il avait été tué dans une rencontre, comme ils appellent cela, dans une rixe accidentelle entre soldats ; et la coquine me félicitait d’être aujourd’hui réellement une femme libre.

« Et maintenant, madame, disait-elle à la fin de sa lettre, vous n’avez plus rien à faire qu’à venir ici, à vous monter d’un carrosse et d’un bel équipage ; et si la beauté et la fortune ne vous font pas duchesse, rien ne le fera. »

Mais je n’étais pas encore fixée sur ce que je ferais. Je n’avais aucune inclination à me remarier. J’avais eu si mauvaise chance avec mon premier mari que l’idée seule m’inspirait de l’aversion. Je voyais qu’une femme est traitée avec indifférence, une maîtresse avec une affection passionnée. On regarde une femme comme une servante d’un ordre supérieur, une maîtresse est une souveraine ; une femme doit abandonner tout ce qu’elle a, se sentir reprocher toutes les réserves qu’elle stipule pour elle, et être grondée même pour l’argent de ses épingles ; une maîtresse, au contraire, prouve la vérité de ce dicton qu’elle