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appartements, et j’envoyai devant Amy avec les paquets que j’avais préparés pour mon voyage. J’envoyai aussi plusieurs colis de mes beaux meubles chez le marchand pour y être mis en réserve, et, emportant les clefs du logis, je revins moi-même à sa maison. Là, nous terminâmes nos affaires d’argent : je lui remis en mains sept mille huit cents pistoles en valeurs et en argent, et la copie enregistrée d’une assignation de rente sur l’Hôtel-de-Ville de Paris pour quatre mille pistoles, à trois pour cent d’intérêt, avec une procuration pour en toucher l’intérêt tous les six mois ; mais j’en gardai par devers moi l’original.

J’aurais pu lui confier tout ce que j’avais, car il était parfaitement honnête et n’avait pas la moindre idée de me faire aucun tort. Et vraiment, après qu’il était si évident qu’il m’avait, pour ainsi dire, sauvé la vie, ou du moins préservée de la honte et de la ruine, après cela, dis-je, comment aurais-je pu douter de lui ?

Lorsque j’arrivai chez lui, il tenait tout prêt comme je le désirais et comme il l’avait proposé. Quant à mon argent, il me donna tout d’abord une lettre de change acceptée, payable à Rotterdam, pour quatre mille pistoles, et tirée de Gênes sur un marchand de Rotterdam, payable à un marchand de Paris et endossée par lui à mon marchand hollandais ; il m’assura qu’elle me serait payée ponctuellement, et elle le fut, en effet, le jour dit. J’eus le reste en autres lettres de change tirées par lui sur d’autres marchands de Hollande. Je pris aussi les meilleures précautions que je pus pour mettre mes joyaux à l’abri ; et il m’envoya, le soir même, dans le carrosse d’un ami qu’il s’était procuré pour moi, à Saint-Germain, et, le lendemain matin, à Rouen. Il envoya aussi avec moi un de ses domestiques, à cheval, qui fournissait à tous mes besoins et qui portait ses ordres au capitaine du navire, lequel était à l’ancre à trois milles environ au-dessous de Rouen, dans la rivière. Conformément à ses instructions, je me rendis à bord immédiatement. Le troisième jour après mon arrivée à bord, le vaisseau partit et le lendemain nous étions en mer. C’est ainsi que je pris congé de la France, et me tirai d’une vilaine affaire qui, si elle avait suivi