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puisse faire du bien. Je lui en aurais fait volontiers, mais il n’avait pas ce qu’il fallait pour le recevoir ou en faire un bon usage. Lui eussé-je envoyé dix mille couronnes au lieu de huit mille francs, et cela sous la condition expresse d’acheter immédiatement, avec partie de cette somme, la commission dont il parlait, et d’en envoyer un peu du reste pour soulager les besoins de sa pauvre misérable femme à Londres et empêcher ses enfants d’être gardés par la paroisse, il était évident qu’il aurait continué à n’être qu’un simple cavalier, et que sa femme et ses enfants auraient toujours souffert la faim à Londres, ou été entretenus uniquement par charité, comme ils l’étaient alors, d’après ce qu’il croyait du moins.

N’y voyant donc aucun remède, je fus obligé de retirer ma main de celui qui avait été le premier agent de ma ruine, et de réserver l’assistance que je comptais lui donner pour une occasion plus convenable. Tout ce que j’avais à faire désormais, c’était de me tenir hors de sa vue, ce qui ne m’était pas très difficile, en raison de sa position.

Amy et moi nous nous consultâmes alors plusieurs fois sur la question principale, qui était de savoir comment nous serions sûres de ne pas nous heurter à lui de nouveau par hasard et de n’être point surprises par une reconnaissance qui serait vraiment une reconnaissance funeste. Amy proposa de nous tenir soigneusement au courant des lieux où les gens d’armes avaient leurs quartiers, et ainsi de les éviter efficacement. C’était là, en effet, un moyen. Il n’était pourtant pas de nature à me satisfaire pleinement. Aucune manière ordinaire de s’enquérir où les gens d’armes avaient leurs quartiers ne me sembla suffisante ; mais je découvris un individu qui avait toutes les qualités requises pour la besogne d’espion (car la France a quantité de telles gens). J’employai cet homme à surveiller constamment et particulièrement sa personne et ses mouvements ; il eut commission et ordre spécial de le suivre comme son ombre, de manière à ne jamais, pour ainsi dire, le perdre de vue. Il s’en acquitta dans la perfection, et ne manqua pas à me donner un journal complet de tous ses mouvements jour par jour ; et soit en plaisirs, soit en affaires, il était toujours sur ses talons.