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crois, à ce qu’il aimait la musique à l’exclusion de tout autre sentiment. Si parfois il va jusqu’à la tutoyer et la mettre carrément sur ses genoux, cela vaut bien la manière gourmée de ceux qui ont l’air de lui être présentés pour la première fois. Assurément c’est très convenable, mais ça manque de fièvre. La fièvre et le débraillé atteignant souvent au génie de Liszt, c’est préférable à la perfection, même en gants blancs.

M. Weingartner, physiquement, donne à première vue l’impression d’un couteau neuf. Ses gestes ont une élégance quasi-rectiligne ; puis, tout à coup, ses bras font des signes implacables qui arrachent des mugissements aux trombones et affolent les cymbales… C’est très impressionnant et tient du thaumaturge ; le public ne sait plus comment manifester son enthousiasme.