Barbarie, on pourrait répondre qu’il ne s’agit nullement d’un plaisir de dilettante, mais de ce que l’on devrait tenter contre la médiocrité de l’âme des foules.
Sans défendre l’habitué des cafés-concert plus que celui des Concerts Lamoureux, il faut tout de même avouer qu’ils ont raison tous les deux dans leurs moyens d’émotions propres… Il y en a d’autres : ceux qui ne peuvent trouver d’émotion que dans « la musique en plein air ». Cette dernière, telle qu’on la pratique de nos jours, est bien le meilleur conducteur de médiocrité qu’on puisse rêver.
En somme, pourquoi l’ornement des squares et promenades est-il resté le monopole des seules musiques militaires ? — Je sais bien, il y a la musique de la garde républicaine… mais c’est encore du luxe… c’est presque un instrument de diplomatie.
Il me plairait d’imaginer des fêtes plus inédites, participant plus complètement au décor naturel. La musique militaire n’est-elle pas l’oubli des longues étapes et la joie des avenues ? En elle se totalise l’amour de la patrie qui bat dans tous les cœurs épars ; par elle se rejoignent l’âme contemplative du petit pâtissier et le vieux monsieur qui pense à l’Alsace-Lorraine et n’en parle jamais. Certes, il ne peut venir à personne l’idée de lui enlever ces nobles privilèges ; mais vraiment, dans les arbres, c’est le cri du phonographe multiplié.