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Certains artistes sont tristement responsables de cette nonchalance ; ils surent combattre un instant, juste ce qu’il fallait pour conquérir leur place sur le marché musical ; mais une fois le placement de leurs produits assuré, vivement ils rétrogradent, semblant demander pardon au public de la peine que celui-ci avait eue à les admettre. Tournant résolument le dos à leur jeunesse, ils s’endorment dans le succès sans plus jamais pouvoir s’élever jusqu’à cette gloire heureusement réservée à ceux dont la vie, consacrée à la recherche d’un monde de sensations et de formes incessamment renouvelé, s’est terminée dans l’espoir joyeux d’avoir accompli la vraie tâche ; ceux-là ont ce qu’on pourrait appeler un succès de « Dernière », si le mot succès ne devenait pas vil mis à côté du mot « gloire ». Je n’ai pas la prétention d’exiger que l’Opéra puisse jamais venir en aide à ces derniers, mais il pourrait ne pas servir exclusivement à soutenir les premiers. Et j’ai voulu montrer que les torts n’étaient pas tous du même côté.