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En tout ceci, je n’attaque nullement le génie des directeurs, étant persuadé que les meilleures bonnes volontés se brisent là, contre un solide et solennel mur fait de fonctionnarisme entêté, et qui empêche toute lumière révélatrice de pénétrer… Ça ne changera du reste jamais, à moins d’une révolution, bien que les révolutionnaires ne pensent pas toujours à ces monuments-là. On pourrait souhaiter l’incendie, si cela n’atteignait par trop aveuglément des personnes assurément innocentes.

Pourtant, en secouant l’industrieuse apathie de cet endroit, on pourrait y faire de belles choses. Ne devrions-nous pas connaître la Tétralogie en entier, et depuis longtemps ? D’abord, ça nous en aurait débarrassé, et les pèlerins de Bayreuth ne nous agaceraient plus avec leurs récits… Jouer les Maîtres Chanteurs, c’est bien ; Tristan et Isolde, c’est mieux (l’âme charmante de Chopin y apparaît à des tournants de musique et en commande la passion).

Sans déplacer nos doléances, regardons comment l’Opéra servit le développement de la musique dramatique en France.

On y joua beaucoup de Reyer. Le succès m’en paraît dû à des causes bizarres. Il y a des gens qui regardent les paysages avec le désintéressement particulier aux ruminants ; ces mêmes gens écoutent la musique avec du coton dans les oreilles…