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V

LA SONATE DE M. P. DUKAS.

À notre époque, la musique tend de plus en plus à servir d’accompagnement à des anecdotes sentimentales ou tragiques et assume le rôle un peu louche de faiseur de boniments à la porte d’une baraque où s’efforce le sinistre « Rien du Tout ».

Ceux qui aiment vraiment la musique vont rarement dans les baraques ; ils ont un simple piano et recommencent éperdument certaines pages ; cela grise aussi sûrement que le « juste, puissant et subtil opium » et c’est l’art d’évoquer les minutes heureuses le moins débilitant. M. P. Dukas semble avoir pensé à ces « derniers » lorsqu’il écrivit sa sonate : la sorte d’émotion hermétique qui s’y traduit et ce lien rigoureux dans l’enchaînement des idées réclament impérieusement une intime et profonde communion avec l’œuvre (ce côté impérieux marque d’un cachet spécial presque tout