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Les conversations que l’on tient autour de cette table ressemblent forcément à des propos de table d’hôte, et il serait vain de croire qu’on y commente les esthétiques récentes ou bien l’ardente rêverie des anciens maîtres. Si par cela la Villa Médicis est un foyer d’art médiocre, on y apprend très vite le côté pratique de la vie, tant on s’y préoccupe de la figure que l’on fera de retour à Paris… Les rapports avec la société romaine sont presque nuls, celle-ci étant aussi fermée que peu accueillante aux pensionnaires dont la jeune indépendance bien française s’allie mal à la froideur romaine.

Il reste la ressource des voyages à travers l’Italie… Maigre ressource dont on ne peut tirer le profit désirable, à cause du manque de rapports dans les villes où l’on passe par trop en étranger. Entendez que ces rapports seraient faciles à établir puisqu’il suffirait simplement d’y penser. On s’en tire en achetant des photographies, la patience des jeunes femmes attachées à ce commerce étant sans limite, ainsi que leurs sourires.

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Je ne devais plus revoir M. Croche. Mais qui ne fut visité par les fantômes des voix qui se sont tues ? Il n’est donc que juste de lui supposer large part en tout ce qui va suivre, bien que je me reconnaisse hors d’état de séparer par des signes distincts les répliques d’un dialogue imaginaire.