effet bien apparent, puisqu’elle continue avec cette déplorable obstination qui distingue les idées absurdes ?… » — J’osai lui répondre que cette institution prenait peut-être ses forces dans le fait qu’elle était parvenue à l’état de superstition dans certains milieux… Avoir eu ou ne pas avoir eu le prix de Rome résolvait la question de savoir si on avait, oui ou non, du talent. Si ça n’était pas très sûr, c’était du moins commode et l’on préparait pour l’opinion publique une comptabilité facile à tenir. M. Croche siffla entre ses dents, mais pour lui-même, je pense… « Oui, vous avez eu le prix de Rome… Remarquez, monsieur, que j’admets fort bien que l’on facilite à des jeunes gens de voyager tranquillement en Italie et même en Allemagne, mais pourquoi restreindre le voyage à ces deux pays ? Pourquoi surtout ce malencontreux diplôme qui les assimile à des animaux gras ?
» Le prix de Rome est un jeu ou plutôt un sport national. On en apprend les règles dans des endroits nommés : Conservatoire, École des Beaux-Arts, etc.
» Les parties, précédées d’un sévère entraînement, se jouent une fois par an ; les arbitres du jeu sont les membres de l’Institut, d’où il ressort ce fait curieux que MM. W. Bouguereau, J. Massenet jugent indifféremment ces parties, qu’elles se jouent en musique, peinture, sculpture, architecture, gravure ; on n’a pas encore songé à leur adjoindre un