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II

ENTRETIEN SUR LE PRIX DE ROME
ET M. SAINT-SAËNS

Je m’étais attardé dans les campagnes remplies d’automne où me retenait invinciblement la magie des vieilles forêts. De la chute des feuilles d’or célébrant la glorieuse agonie des arbres, du grêle angélus ordonnant aux champs de s’endormir, montait une voix douce et persuasive qui conseillait le plus parfait oubli. Le soleil se couchait tout seul sans que nul paysan songeât à prendre, au premier plan, une attitude lithographique. Bêtes et gens rentraient paisibles, ayant accompli une besogne anonyme dont la beauté avait ceci de spécial qu’elle ne sollicitait pas plus l’encouragement que la désapprobation… Elles étaient loin, les discussions d’art où des noms de grands hommes prennent parfois l’apparence de « gros mots ». Elle était