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jugé l’irrésistible force. Et puis, on a beau être Scandinave : on n’en est pas moins homme… Il est dur de se priver de l’enthousiasme que Paris réserve si gentiment aux étrangers, dont plus d’un n’a même pas la valeur sonore de M. Grieg.

J’ai bien cru un moment que je n’allais pouvoir vous donner, sur la musique de Grieg, que des impressions de couleur !… D’abord, le nombre des Norvégiens qui fréquentent habituellement le Concert Colonne s’était accru du triple ; jamais il ne nous a été donné de contempler tant de cheveux roux et de chapeaux extravagants (les modes de Christiania me semblent retarder quelque peu). Puis, le concert avait commencé par la double exécution d’une ouverture intitulée Automne et d’une foule d’admirateurs de Grieg, dont un commissaire de police, plus zélé que mélomane, a envoyé l’enthousiasme prendre le frais sur les quais qui bordent la Seine. Maintenant, craignait-on une attitude contradictoire ?

Il ne m’appartient pas de l’affirmer, mais M. Grieg s’est attiré pendant un instant les épithètes les plus fâcheuses et du même coup je n’ai pu entendre ce morceau, tout occupé que j’étais de parlementer avec de brillants et sévères municipaux.

Enfin ! J’ai pu voir M. Grieg… De face, il a l’air d’un photographe génial ; de dos, une façon de porter les cheveux le fait ressembler à ces plantes