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La souveraine du Brabant
Prétendait, avec hardiesse,
Avoir le pied plus élégant
Que le pied de notre princesse.
Pour soutenir des droits si beaux,
On rangea, grâce au ministère,
Cent mille hommes sous les drapeaux :
Avez-vous jamais vu la guerre !

J’avais le regard louche et faux,
J’avais les jambes non pareilles,
On ferma l’œil sur mes défauts,
On me promit monts et merveilles.
De moi, que rendait tout blafard
Le bruit du canon, du tonnerre,
On prétendit faire un César :
Avez-vous jamais vu la guerre !

Amis, l’agréable métier,
Que le noble métier des armes !
Le diable, au fond d’un bénitier,
Trouverait, je crois, plus de charmes.
Doux navets, tendres haricots,
Bon pain noir, excellente eau claire,
Voilà le festin des héros :
Avez-vous jamais vu la guerre !

La gloire n’avait pas pour moi
Entr’ouvert ses voiles de roses,