Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tom Tompson, mais je me sentis soudain aveuglé par quelque chose de chaud qui découlait de mon front sur mon nez et dans mes yeux :


Vous êtes blessé, me cria le chauffeur.

« Vous êtes blessé ! me cria le chauffeur.

— C’est possible, lui répondis-je.

— C’est sûr, dit-il, vous êtes couvert de sang. »

Malgré l’affirmation du chauffeur, je doutai. Je ne sentais, en effet, aucune douleur sauf un léger picotement sur la tête, à l’endroit de ma loupe, mais je connaissais ça.

Enfin, je cherchais encore la cause de mon hémorragie lorsque j’arrivai à destination.

Sans plus attendre, je repris le train de retour, et je partis à toute vapeur, pour tâcher de rejoindre le convoi de Tom Tompson, qui n’avait qu’une douzaine de milles d’avance sur celui que je ramenais.

Je chauffai si bien, que j’arrivai en gare presque en même temps que lui. Il avait deviné ma pensée ; et sautant à bas de sa machine, il se mit à courir vers la mienne, sur laquelle il sauta comme un chat, en criant :

« Ô Providence ! ô Providence !

— Tom, qu’avez-vous ?

— Ce que j’ai ? Demande-moi plutôt ce que je n’ai plus. Regarde-moi, mon fils, regarde-moi. Tu m’as opéré sans douleur ; tu m’as opéré et cautérisé du même coup. »

Je reculai ébahi. Tom Tompson avait toujours son nez, mais il n’avait plus de verrue : il me parut beau.