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ret, et me fit mille excuses et compliments, traitant l’aiguilleur, à qui nous devions d’être encore en vie l’un et l’autre, de triple butor, d’âne enrégimenté, de bœuf obtus, et de cent autres appellations qui ne le cédaient en rien, comme aménité, aux premières.

Si je n’étais pas sûr d’avoir des lectrices — et en grand nombre — je transcrirais même la suprême injure qu’il lui adressa, injure qui n’a pas d’équivalent dans toutes les langues.

Mais je sais trop ce que je dois aux convenances, aux lecteurs et à moi-même, pour pousser l’amour du détail aussi loin, bien que je sois fanatique de la scrupuleuse exactitude des faits, lorsque je me permets d’écrire une narration quelconque.

Après avoir tempêté à son aise, et conséquemment fait prendre à sa verrue les diverses poses qu’elle affectait en pareil cas, Tom Tompson me tendit la main et me dit :

« Mon fils, ce sera donc pour après-demain.

— Va pour après-demain, Tom.

— Mais cette fois il ne faut pas manquer notre coup. Tu serais ridicule à jamais et moi aussi.

— À Dieu ne plaise, Tom, que cela arrive.

— Bien, mon fils, bien ! au revoir donc ! Je te dis au revoir !

— Au revoir, Tom. »

Le surlendemain, je partis comme la première fois.