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assurément une difficulté médiocre, et parvînt-on à la surmonter, il y a loin de là encore à persuader et à convaincre. Malgré l’anarchie des croyances, jamais on ne fut plus affirmatif, et le caractère du temps présent est le dogmatisme individuel et le scepticisme social.

De cette disposition, signe infaillible d’un profond désordre et d’une foiblesse profonde, résulte, puisqu’il faut le dire, une espèce d’idiotisme public, auquel on ne voit rien à comparer dans les siècles précédents. De là l’étrange facilité avec laquelle on se laisse abuser par des mots. Appelez liberté la servitude, et la persécution tolérance, les hommes, tels que les a faits la civilisation philosophique, ne se croiront libres que dans les fers, et s’imagineront de bonne foi protéger en opprimant. Partout on remarque ce genre d’illusion ; il se propage si rapidement, qu’il devient chaque jour plus difficile de trouver des esprits qui en soient tout-à-fait exempts ; et c’est pourquoi, voulant traiter de la religion dans ses rapports avec l’ordre politique et civil, nous avons été obligé, pour être compris, d’examiner ce que sont actuellement en France et l’ordre civil et l’ordre politique. Un court résumé des réflexions qu’il nous a paru nécessaire de présenter sur cet important sujet aidera beaucoup à saisir les conséquences que nous ne tarderons pas à en tirer.