Angleterre, où cependant elle est modifiée dans ses applications par la nature aristocratique du gouvernement ; la souveraineté du peuple, disons-nous, renferme le principe de l’athéisme, puisqu’en vertu de cette souveraineté, le peuple, ou le parlement qui le représente, a le droit de changer et de modifier, quand il lui plaît et comme il lui plaît, la religion du pays. Ce droit, que Blackstone attribue sans hésiter au parlement anglais, suppose, ou que toutes les religions sont indifférentes, c’est-à-dire qu’il n’y a point de Dieu ; ou, s’il y a un Dieu, que le parlement peut dispenser de ses commandements, abolir sa loi, ordonner ce qu’il défend, défendre ce qu’il ordonne, ce qui évidemment est renverser toute notion du droit divin. Mais, dès lors, comment pourroit-il exister quelque autre droit, et sur quoi reposeroit-il ? La raison, la loi, la justice, n’est plus que ce que veut le peuple, ou le pouvoir qui représente le peuple : et c’est ce qu’ont très bien vu le protestant Jurieu et Jean-Jacques Rousseau, qui admettent l’un et l’autre formellement cette conséquence. Il suit de là manifestement que la démocratie, qu’on nous représente comme le terme extrême de la liberté, n’est que le dernier excès du despotisme : car, quelque absolu qu’on le suppose, le despotisme d’un seul a pourtant des limites : le despotisme de tous n’en a point ; et voilà pourquoi les démocraties
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