graves, sur un sujet qui occupe tous les esprits, ne sauroient être interdites que par un despotisme timidement soupçonneux, et, dans ses vagues inquiétudes, esclave de sa propre tyrannie.
Mais le génie du mal, tremblant pour ses œuvres, a su trouver une autre ruse, et se faire contre la vérité un autre rempart. « Combattez l’erreur, dit-il, mais en la séparant des personnes » ; comme il dit encore : « soutenez la religion, mais en la séparant de Dieu. » Qu’on lui laisse les réalités, il nous abandonnera les abstractions, afin d’avoir le droit de nous traiter de rêveurs. Assurément il seroit plus doux de n’avoir à établir que des théories générales ; mais il n’en va pas ainsi en ce monde. Les sociétés humaines vivent ou meurent selon les doctrines des hommes qui les gouvernent ; et l’on ne sauroit attaquer ces doctrines sans attaquer en même temps et les discours qui les expriment, et les actes qui les consacrent. Or, quand il s’agit d’actes et de discours, les hommes, quoi qu’on fasse, reparoissent nécessairement ; et plus leur autorité est grande aux yeux des peuples, plus il est nécessaire d