excuser les lâches complaisances qui nous perdent, ce seroit s’en rendre complice. On doit la vérité, on la doit tout entière à ceux qui sont capables de l’entendre ; aux autres on ne doit rien que la pitié.
Disons-le donc sans crainte : si, dans cette contradiction malheureusement trop commune entre les discours et la conduite, on est de bonne foi, il y a démence : si on ne l’est pas, il y a crime.
Deux choses ont aujourd’hui des conséquences funestes : l’une est le penchant qui porte à pallier, à justifier les actes les plus déplorables, d’après le motif présumé qui a fait agir. Cet homme, dit-on, a de bonnes intentions. On ne lui en demande pas davantage ; avec cela il peut faire le mal en sûreté. Ce mal, quelque grand qu’il soit, cesse d’inspirer une juste et salutaire horreur ; ce n’est plus qu’une foiblesse, un travers ; et ainsi peu à peu s’éteint dans les âmes le sentiment de l’ordre et l’amour du devoir.
Si la disposition à excuser tout en faveur des liens de parti, de coterie, ou d’opinion, déprave insensiblement la conscience, la dangereuse manie de chercher dans le passé des analogies chimériques avec le présent égare et fausse l’esprit. Ce qui est ne ressemble à rien de ce qui fut ; et l’idée contraire est la source d’une multitude d’erreurs