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« C’était un terrible danger que celui auquel Balthazar allait s’exposer en s’éloignant de Grand Pré dans un pareil moment. Il savait bien que, s’il était pris, il serait probablement fusillé sans miséricorde. Et cependant il n’hésita pas… Ah ! c’est que l’ordre du père a toujours été et est encore chose sacrée pour les Acadiens.

« Sans aucune observation, le jeune homme se leva et commença les préparatifs ordonnés par son père ; puis, il se rendit chez la veuve Thériot, fit part à Pouponne des ordres qu’il venait de recevoir, et la serra sur son cœur dans un dernier adieu ! Depuis ce moment, aucun de nous n’a entendu parler de Balthazar Landry.

— Vous connaissez le reste de cette triste histoire, mes enfants, dit le bon prêtre, vous savez comment les Acadiens, jetés séparément sur trois navires différents, furent débarqués sur les côtes de New Jersey et du Massachusetts. Quelques uns, bien peu hélas ! se retrouvèrent. De temps à autre nous voyons arriver ici quelques uns de ceux qui sont restés derrière. Mais ma pauvre Pouponne, à l’exception de Tit Toine, son jeune frère, n’a