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Et, se retournant vers Pouponne :

— Ma fille, dit-il, verse m’en un verre… j’vas l’boire à la santé d’not’e voisine.

Pouponne s’empressa d’obéir, et en voyant le vieillard boire à petites gorgées le vin qu’elle venait de lui porter, le cœur de Charlotte se remplit de joie : elle devinait le bonheur que sa présence venait d’éveiller dans cette pauvre demeure.

Pour avoir l’occasion de revenir, Madame Bossier ne dit rien à la jeune Acadienne de la couture qu’elle comptait lui offrir, mais elle obtint la promesse qu’elle s’adresserait à elle chaque fois que le vieillard aurait besoin de quelque chose.

Cette visite ne fut pas la dernière et bientôt une grande amitié s’établit entre ces deux femmes de stations et de fortunes si différentes, mais égales en vertus, et ne trouvant toutes deux qu’un véritable plaisir dans la vie, celui de soulager la misère des autres. C’était entre les mains de Pouponne que Charlotte versait ses aumônes. C’était Pouponne qui lui parlait des besoins de celui-ci, de la maladie de cet autre ; c’était ensemble qu’elles