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— Maintenant reprit Charlotte, j’ai une prière à vous adresser ; monsieur le curé m’a beaucoup parlé de vous, et de votre père… il m’a dit que ce dernier était malade, et… je me suis permis de lui porter quelques douceurs, comme cela se fait entre voisins, vous savez… De plus j’ai bien envie de voir le père Landry… Le puis-je Pouponne ? _

Ce nom venait tout naturellement aux lèvres de Charlotte, et la jeune Acadienne, si fière d’habitude ne sembla point offensée de cette familiarité. Elle se leva et, se dirigeant vers la chambre de son père :

— J’vas li d’mander si veut vous voir, dit-elle.

Elle revint au bout d’un moment.

— V’nez, mame, dit-elle.

Charlotte avait fait signe à son cocher, et celui-ci venait de déposer le panier de provisions à côté de sa maîtresse ; elle le montra à Pouponne qui s’en chargea sans rien dire.

Le père Landry était à demi assis, sur son lit, les épaules relevées par une pile d’oreillers bien blancs et ses longues mains reposaient sur des couvertures d’une propreté qui faisait