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gère) et ses longs cheveux blancs, pendant sur ses épaules, voltigeaient au vent. C’était l’aïeule, et, en la voyant, Charlotte descendit de voiture et s’avança jusqu’à la barrière. Elle salua respectueusement la vieille femme qui lui rendit son salut et lui demanda d’une voix grêle :

— Qu’a ce qu’y a pour vot service, mame ?

— Je voudrais acheter des poulets et des œufs, répondit madame Bossier.

La vieille se mit à rire : — Ça n’me connaît pus, la volaille, dit-elle ; mais excusez mame, j’vas appeler ma bru : alle jacassera (parlera) mié qu’moi.

Et rentrant dans la maison, on l’entendit appeler :

— Zozo ! eh ! Zozo ! Titine ! où donc qu’vous êtes, fainéantes ?

Une voix lui répondit du fond de la cour :

— Qu’a ce qu’a c’est, la mère ?

— Viens, que j’te dis… y a là une dame tout à la hurluberlue (à la mode) et alle veut acheter des poules.

— C’est ben la mère, on y va :

Et Zozo s’empressa d’essuyer ses mains couvertes d’écume de savon et,