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rêter sa voiture devant la première cabane, habitée par les familles de deux frères, Théodule et Gaspard Labauve dont elle n’avait entendu dire que du bien. Elle n’osa pas descendre, mais ordonna à son cocher d’appeler. En ce moment tous les hommes étaient au champ, et Charlotte, de sa voiture, pouvait apercevoir, au fond de la cour, deux femmes occupées à laver, tandis qu’une bande d’enfants, plus sales, plus déguenillés les uns que les autres se vautraient dans la boue avec les porcs et les canards dont la cour était pleine. Et pendant que le cocher criait de toutes ses forces, madame Bossier examinait la maison qui était devant elle et se demandait comment dix-huit personnes pouvaient s’y loger On lui avait dit que les deux frères, leur vieille mère, leurs femmes et leurs treize enfants demeuraient ensemble.

À l’appel du cocher, une vieille femme parut sur la galerie. Elle était fort grande et sa haute taille, droite encore, se soutenait sur un bâton, sur lequel elle s’appuyait des deux mains. Elle était habillée d’une volante en siamoise, (cotonnade lé-