comme ils appelaient mon aïeul, et dans leur étonnement de la voir, ils oubliaient de la saluer. Quant à Placide il était connu de tout ce petit peuple dont il avait su se faire l’ami en se joignant à ses bals et à ses fêtes. La chronique acadienne allait jusqu’à dire qu’il avait une amoureuse parmi les filles de la Petite-Cadie. Et vrai ! le jeune Flamand avait montré son bon goût en courtisant la gentille Tit’Mine, une enfant de quatorze ans qui passait avec raison pour la belle du campement.
Mais si Tit’Mine recevait en souriant les attentions et les cadeaux du jeune monsieur, si elle était fière de l’avoir pour cavalier dans les bals du samedi, enfin, si ses visites étaient reçues avec plaisir par la petite Cadienne, il n’en était pas de même de sa mère. Disons tout de suite que, par ses manières masculines et querelleuses, la Térencine avait su se rendre la terreur du campement. Elle était très grande, très brune ; ses formes angulaires, sa marche raide, ses gros sourcils, lui donnaient l’apparence d’un homme habillé en femme surtout que ses cheveux qui for-