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« À la tête de ce cortège de vieillards, marchait le père Landry, courbé sur son bâton sur lequel s’appuyaient ses deux mains. Les fils du vieillard qui venaient de s’embarquer, n’étaient point ses seuls enfants : sans compter ses filles et ses brus, il avait quatre fils, établis depuis plusieurs années, avec leurs familles, sur la Baie de Beau Bassin : ils y possédaient de belles habitations. Mais, lorsque les troubles commencèrent, quand les troupes anglaises parcoururent les rues du Grand Pré, le père Landry, effrayé pour la sûreté de ses enfants, envoya Balthazar, son plus jeune fils, à la Baie de Beau Bassin, afin d’avertir ses frères du danger qui menaçait le pays. Il leur conseilla de prendre tout ce qu’ils pourraient emporter, et d’abandonner leurs habitations et de tâcher de gagner, avec leurs familles, une terre où ils n’auraient rien à craindre, et où, plus tard, ils pourraient être tous réunis, le père et les enfants.

« Balthazar était un beau garçon l’une vingtaine d’années, brave, intelligent, fort, et toujours le premier dans tous les exercices du corps. Il