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priant d’en faire la lecture à haute voix, car lui, comme les autres, était dépourvu de toute éducation. Vous devez bien deviner les sentiments que cette lecture excita dans l’âme de ceux qui m’écoutaient. Tous avaient quelque chose à dire : plusieurs affirmaient qu’une perfidie se cachait sous ces promesses des Anglais. D’autres parlaient de mystères cachés et demandaient dans quel but les enfants étaient appelés à cette assemblée ; et pourquoi un vendredi, jour de malheur avait été choisi.

— « Ah ! criaient-ils, il y a dans tout cela quelque chose de diabolique. Il faut s’armer, résister, ou il faut fuir et, comme Louis Comeau aller chercher ailleurs une nouvelle patrie.

« L’agitation était indescriptible quand le père Landry se leva : le silence se fit dans la salle. Tout en cet homme de quatre-vingt quatre ans commandait le respect : il avait vingt fils et petit fils dans l’assemblée, il n’avait nul intérêt à se faire illusion ni à donner de vaines espérances aux autres. Tous à Grand Pré l’aimaient et le vénéraient. Il avait l’extérieur et