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dans ses yeux voilés de larmes. Le père Jacques était un enfant de grand Pré, son père avait été le cousin et l’ami du père Landry, et le bon prêtre avait toujours voué une vive amitié à ce vieillard qu’il avait accompagné dans l’exil. Il frémissait malgré lui en contemplant les progrès de la mort qui s’avançait. Une perturbation fatale agitait tout le corps du mourant, ses extrémités se refroidissaient et ses lèvres et ses narines devenaient violemment contractées. Balthazar et Pouponne, penchés sur lui, dans une angoisse mortelle, suivaient tous les mouvements de son visage, épiant une révolution salutaire et le retour de la parole qui semblait s’être arrêtée pour toujours.

— Priez ave moi, dit le prêtre.

Les fiancés tombèrent à genoux. Le père Jacques continua à suivre les phases de la crise tout en faisant quelques pieuses invocations. Après quelques minutes, des sons inarticulés s’échappèrent de la gorge du vieillard : c’étaient des phrases incohérentes et détachées qui bientôt se changèrent en une sorte de délire furieux qui ne