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Certes, il ne pouvait s’empêcher de remarquer leur manque d’éducation et leur langage un peu excentrique, pour ne pas dire davantage. Mais, que lui importait l’écorce grossière ? il devina bien vite les hautes vertus, l’honneur, l’énergie, cachés sous cette rude écorce et ne fut pas longtemps sans se rapprocher d’eux. Il trouvait un plaisir inexprimable à se faire raconter les injustices dont ils avaient été l’objet, leurs misères, et enfin leurs longs voyages au travers des États-Unis. Monsieur Bossier ne riait jamais de la manière dont tout cela lui était raconté, et revenait le lendemain vers ses nouveaux amis qui se répétaient les uns aux autres que le gros musié n’était pas du tout fiar et vaniteux.

La famille de mon aîeul en 1762 était encore peu nombreuse. Monsieur Bossier venait de la Flandre française ; il appartenait à une famille riche et aristocrate, et avait seulement cédé à son goût pour les voyages en se mettant en route pour l’Amérique. À bord du bâtiment où il s’était embarqué, il rencontra une jeune Viennoise, Charlotte