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en tout, mais ceux-là n’étaient pas ses esclaves et refusaient de lui obéir, et il s’ensuivait souvent des batailles où maitre Gustave n’avait pas toujours l’avantage. Il savait qu’il était riche, et, comme un petit Job, il aimait à parler de la belle maison de sa mère, de son habitation où se faisaient tous les ans trois cents tonneaux de sucre, de ses chevaux, de ses voitures, et surtout de leurs deux cents esclaves !

Madame Delavaine grondait son fils et cherchait à lui inspirer plus de modestie, mais c’était peine perdue, Gustave qui aimait sa mère, promettait de se corriger et recommençait le lendemain.

Il y avait aux Chênes Verts une négresse nommée Catiche que Madame Delavaine aimait beaucoup : la pauvre Catiche était si simple, si ignorante qu’on pouvait lui faire croire tout ce qu’on voulait, mais elle adorait ses maitres et se serait jetée au feu sur un simple signe de Madame Delavaine. Catiche avait appartenu à la mère de sa maitresse, et celle-ci pour cette raison lui témoignait de l’affection et voulait qu’elle fut bien traitée par tout le monde. Elle l’avait élevée à la dignité de soigneuse de poules et, donner à manger aux volailles, nettoyer les poulaillers étaient les seules occupations de notre négresse, qui avait sa cabane au beau milieu de la basse-cour ; elle logeait là avec ses deux enfants Bob et Adam et un gros chien jaune auquel elle avait donné le joli nom de Malotru.

Bob était du même âge que Gustave ; ils étaient toujours ensemble et le pauvre petit nègre était le favori de son jeune maitre il en était bien aussi le pâtirat. Jouait-on à la promenade