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le petit Gustave a huit ans, c’est un bel enfant plein d’intelligence et que sa mère aime au-dessus de tout au monde car Gustave est tout ce qu’elle a en ce monde.

Madame Delavaine demeure à la Nouvelle-Orléans, mais comme elle craint la fièvre jaune qui à cette époque désolait la ville pendant presque tous les étés, au premier de juillet, elle quitte la belle maison de la rue Saint-Charles pour aller passer l’été à la grande plantation qu’elle possède aux Attakapas dans la paroisse Sainte Marie. Il lui arrive aussi quelquefois de rendre une courte visite aux Chênes Verts, c’est le nom de son habitation pendant le temps de la roulaison ; et ces visites sont des jours de bonheur pour Gustave ; il aime, son couteau à la main, et entouré d’une foule de négrillons ; à monter sur des monticules de canne à sucre et là d’en manger jusqu’à qu’il n’en puisse plus, ou encore, armé d’une palette, à aller goûter dans les baquets à la cuite qu’on vient de tirer ou aux larges caramels que Gustave aime tant.

Mais si Gustave aimait à jouer avec les petits nègres de l’habitation, avouons qu’il n’était pas toujours bon pour eux ; il savait qu’il était leur maitre et il abusait bien souvent de ce qu’il appelait son pouvoir sur eux. « Je suis votre maitre leur disait-il, et je veux être obéi ! »

Et disons qu’il ne leur épargnait ni taloches ni coups de pied.

Madame Delavaine s’était aperçue avec peine des dispositions despotiques de son fils. Souvent à la Nouvelle-Orléans, là au milieu de ses camarades blancs, Gustave cherchait à leur faire loi et voulait toujours être le premier