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de tomber aux embarcations et de mener Adam dans le bayou, ne dit pas une parole de l’accident. Il était tard et il réussit à se tenir éloigné de sa mère qui ne s’aperçut de rien. Ce ne fut que le lendemain qu’il lui raconta leur mésaventure et lui dit pourquoi la blouse d’Adam était mouillée. Il savait que Gustave n’était pas noyé, il l’avait vu debout sur l’autre bord du bayou.

Songeant à la triste situation du malheureux Gustave : il ne sait pas nager et le voilà de l’autre côté du bayou sans aucun moyen de retourner chez lui. Il pense à ce que sera l’inquiétude de sa mère ne le voyant pas revenir, et il pleure. Et voilà la nuit qui s’avance… lui faudra-t-il coucher, tout seul au milieu de ces bois épais, pleins d’ours et de chats-tigres, près de ce bayou qu’il sait remplir de crocodiles. Et des serpents ! Il vient d’en voir passer un près de lui. Oh ! c’est à en mourir de peur !

« Encore si Bob était avec moi ! se dit-il. »

Et il pense à ce pauvre petit nègre qu’il a si souvent battu.

« Oh ! reprend-il, pourquoi Malotru n’est il pas resté près de moi ? »

Il a oublié la laideur du chien jaune… comme il le caresserait s’il revenait. Il ne pleure plus : ce sont de grands cris qu’il jette… il appelle sa mère… il appelle Catiche, Bob et jusqu’à Malotru lui-même.

Tout à coup, une voix a répondu à ses cris. Il y a quelqu’un, là, de l’autre côté du bayou, mais la nuit est trop sombre, notre petit garçon ne peut distinguer personne.

« Qui est là ? demande une voix.

— Moi.

— Mais qui toi ?

— Moi ! Gustave Delavaine.

— Ah ! c’est vous missié Gustave ?

— Oui ! mais qui que vous soyez, venez me cher-